Rat d'égout

[HRP]
Narratif
Pensées
[/HRP]

L'homme avait surgi d'une bouche d'égout en plein milieu du groupe qui se repliait. L'odeur indiquait qu'il avait du y passer un certain temps avant de revenir à la surface. Il portait une espèce de treillis usé et roussi par les flammes, sur lequel se voyait le symbole des Qivoan's Son. Sur son bras gauche, il arborait un insigne de colonel.

« Bordel, enfin un peu d'air frais ! Ouhlà, c'est quoi ce bazar là. J'suis tombé en pleine bérézina moi... Bien ma veine. Encore heureux, ils ont l'air d'adhérer à l'idéologie conservatrice. Viens là, toi ! »

Il attrapa l'homme par le bras, jeta un coup d'oeil rapide sur son grade, puis chercha un symbole montrant son rattachement quelconque à l'un des groupuscules qu'il connaissait. N'en trouvant pas, il fixa le gars droit dans les yeux.

« Hey, dis moi, brigadier... A quelle unité t'es affecté ?
-Le 13e, mon colonel.
-Jamais entendu parler, il sort d'où ce tas de zobs ?
-Nous sommes la réunion d'une ancienne compagnie de la RDPI et de sympathisants locaux, répondit-il en se dégageant brusquement de l'emprise du type.
-Sympathisants, hein, fit-il en souriant méchamment... Et qui vous commande ? Un ancien brigadier chef de la RDPI ?
-Non mon colonel, nous obéissons au colonel Sven !
-La tantouze masquée ? Enfin des têtes connues dans ce bled de merde ! Y en a marre de creuser des galeries pour échapper aux Saïjins nymphomanes ! Brigadier, conduisez moi à votre chef !
-Je n'ai pas d'ordre à recevoir de vous ! Je ne suis pas du Qivoan's Son !
-J'en ai rien à foutre. Mon nom ne doit pas t'être connu... Saches simplement que l'on me surnomme l'ingénieur schizophrène... Et que si je me marre en ce moment, c'est parce que je tiens dans ma poche un petit explosif de poche, suffisant pour te couper en deux en quelques secondes... Alors emmène moi voir The Mask, ou à la limite, la magnifique elfette qui commande à ses côtés, je ne conçois pas l'un sans l'autre...
-Euhm... euh... Je vous conduis au colonel Sven de suite, mon colonel. Mais je dois vous prévenir que...
-Silence, arrêtes de piailler, tu me rappelles les Saïjins ! »

Quel bled de merde... En plus, ils ont l'air de se replier, c'est vraiment n'importe quoi... Vont pas me dire qu'ils ont peur d'un taré qui se réclame l'envoyé d'une marque de gel douche disparue depuis des dizaines d'années... Ou alors c'est les autres prétentieux qui se prennent pour des Phénix, à renaître de leurs cendres... Les cendres que je crée, on ne s'en relève jamais...

L'ingénieur, comme il s'était lui même nommé, se mit soudainement et sans aucune raison apparente à rire intérieurement, mais d'un rire mal retenu, le secouant de l'intérieur et révélant une forme de folie, qui est la présence de plusieurs personnalités dans un même corps. Son oeil brillait, évoquant la lueur de ses explosions chéries...

Explosions de plastic. Une barricade de terre se forme pour une lutte acharnée dans les egouts. Deluge de grenade.
Les armes ripostent. John Connor. Abe Braddock. Seven Seagal. La douche de plomb est forte, hélas non mortelle. Le replis se fait mais un troll attaque de flanc. La CoAlition le maitrise. Puis.
Biiip !
Nescort, le rapatrié d'urgence fait sonner la radio du colonel.

- "Ici Sven Conrat, du 13ieme Bataillon. Qui me derange sur le front ?"
- "Ici Nescort."
- "Vous êtes en état de rejoindre le combat ou c'est pour la discut, Soldat ?"
- "Je suis au front contre le Savon Infernal, Colonel."
- "Bon, état des lieux ?"
- "Le Savon Infernal s'es replié. Les Mercenaires et la Colonelle massacrent de nouveaux commandos, la legion errante qu'ils pretendent. Sans trop de difficulté, nous n'avons aucune perte."
- "Saloperie... Encore un. Pourquoi tu me contacte, Nescort ?"
- "C'est au sujet du Qivoan's Son, Colonel."
- "Comment ça, le Qivoan's Son ? S'il est pas dissout, c'est tout comme !"
- "Et bien un homme semble penser le contraire..."
- "Ok, et ?"
- "Cet homme c'est Tom Latorda"
- "..."
- "Colonel ?"
- "Bon, qu-est-ce que me veut cette relique du passé ?"
- "Vous parler chef."
- "Me parler de ?"
- "J'en sais rien, Colonel."
- "Oh bordel... Hem, bon passez le moi."

La communication s'etablie assez vite.

- "Et bien, Tom, vous etes encore vivant ? C'est un plaisir, vielle branche. Que me vaut ce plaisir ?"

Latorda s'empara de la radio, énuméra rapidement dans sa tête les utilisations possibles de ses composants dans des détonateurs, puis enfonça le bouton d'émission.

« Sven, vieille ordure, quel plaisir de vous parler ! Toujours jaloux de l'appendice nasal des zéphs ? Sacré colonel va !
Mais enfin, je vous ai pas appelé pour la causette, et ouais, j'vis toujours, enfin j'espère, on aurait pu me prévenir sinon ! Il éclata d'un rire franc, rapidement remplacé par son rire sadique. Ah, la mort... Bon, j'vous explique le topo. Les QS, comme vous l'avez dit à l'espèce de boiteux unijambiste sous-gradé qui m'a servi de guide, c'est plus trop ça. Pis bon, le solo j'ai tenté. Je me suis retrouvé dans les égouts avec une meute de Saïjins en manque de cul qui collait à mes basques. J'ai pas dormi pendant un moment, putain... Et y a quelques jours, j'ai entendu des bruits de combat à la surface. Alors j'me suis dis, dois y avoir des gens, et ptet même des mutants dehors, c'est quand même plus marrant à faire exploser que des lutins bleus !

Et v'là que je tombe nez à nez avec un petit groupe de braquemarts, aux couleurs de Qivoan, et qui en plus sont commandés par vous ! Une aubaine quoi ! Et en plus, j'entends des explosions dans la radio !

Donc j'vais vous la faire courte... Y a de la place pour un vétéran dans votre 13e compagnie ? C'est ca, hein ? Sympa, le numéro, j'aime bien ! J'vous laisse parler ! »

A peine eut-il relâché le bouton d'émission qu'il se remit à rire.

« Enfin, j'vais pouvoir me remettre à dézinguer autre chose que des rats et des gnomes... Y a rien de mieux que çà, hein, Mascort c'est bien çà ? »

Il accompagna sa remarque d'une grande bourrade dans l'épaule du brigadier, qui vacilla sous le choc des épaulières dissimulées sous le treillis.

Sven n'avait pas connu Latorda comme ça depuis... Bah depuis qu'ils avaient latté Erebe ensemble dans Manhattan. Souvenir...

- "J'imagine bien, Tom, vous avez du en chier... Vous auriez aimé, tiens, ce qu'on a fait pendant votre absence ! Une immense purge de la ville, envahi par une horde de troll, Sajins et autres monstres, ça vous aurait plus, je n'en doute pas.
Moi, là ? Je me bastonne contre des sous-fifres de Xipe Topec. Casiment que des globorks et des Xaliens...
Alors vous voulez nous rejoindre, Vielle branche ? J'vais quand même te brieffer, hein, on passe la majorité de notre temps sous terre nous aussi, ça te rapellera des souvenirs.
Et je t'avouerais qu'on y fait pas de la paperasse, hein, ya du boulot demandé par les Chefs, rien que ça...
T'es le bienvenu parmis nous des que tu t'en sens pret, Latorda."

« Héhé, excellent programme que tu me proposes ! Le temps de te rejoindre, et je te promets un beau feu d'artifice, comme seul Latorda sait les faire ! J'en ai déjà des frissons rien que d'y penser, j'vais mettre un peu d'ambiance ! Jamais pu sentir les sous merdes de la femelle xalien... Presque autant que les fiottes de Tlaloc, j'les hais.

Mets moi un insigne de côté, le temps de foutre une veste qui pue moins la merde, j'me suis cassé la gueule dans la flotte des égouts, juste après y avoir noyé un Sajin... »

Il raccrocha, jeta la radio à Nescort, s'empara de celle d'un blessé du 13, et fila en direction de la position de Sven, indiquée par le brigadier. Il s'arrêta au bout de 50m, retira sa veste qu'il roula en boule dans son sac, et en sortit une seconde, quasiment identique, mais à l'odeur beaucoup moins forte. Puis, il reprit sa course.

Comme à son habitude, notre infirmière n'avait pu s'empêcher d'épier les ptits nouveaux, sauf que cette fois, il avait pas l'air tout a fait bleu le beau tendre...

Latorda, mais je l'avais déjà croisé ce beau mâle.
Néné, prit une pose assez déanchée le bras appuyé contre le mur.

Latorda était sur le point de passer en flêche, c'est alors que Néné laissa sa main caresser sa cuisse... lentement, très lentement ...
La réaction fut immédiate mais avant que Tom eut interrompu sa course elle souffla tout en lui faisant un clin d'oeil:

'Cours, file, vole mon pt'it Tommy... Mais n'oublie pas de venir faire un coucou à l'infirmière. Si tu n'as pas oublié mon nom, je te donnerai de quoi planer.'

Néné laissa planer un léger rire et fit signe de la main que Tom continue sa course.